dimanche 6 mars 2016

Il y a 100 ans, Charles Boulary, photographe

Charles, Daniel, Adrien Boulary, 18 janvier 1856 - 6 mars 1916 ©Fonds Mairie d'Aigues-Mortes
Charles Boulary est né le 18 janvier 1856 à Aigues-Mortes. Il est l’arrière petit-fils de Pierre Boulary, boulanger, et d’Anne-Marie Servel. Son grand-père Daniel devient négociant en sel au sein de la maison Gros, Collet, Boulary. Son père Charles, épouse Emilie Collet, dont le père et le grand-père, Adrien et Pierre Collet, furent tous deux maires d’Aigues-Mortes. C’est Adrien Collet qui lança en 1845 le projet de statue de Saint Louis et la souscription nationale pour sa réalisation.

Son père Charles, lui aussi, est négociant et contrôleur à Peccais avant d’entrer au chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée où son fils, Adrien Daniel « Charles » va suivre ses traces. Il est d’abord employé à Paris où il habite 82 boulevard Diderot, près de la gare de Lyon. C’est là que naît sa fille Charlotte. Puis il est nommé à Marseille en 1889 comme caissier et directeur du service des Titres. Il habite 22 Cours Lieutaud, où naît son fils Henri, puis 36 rue Consolat.

Il a pu s’initier à la photographie à Aigues-Mortes : le premier photographe d’Aigues-Mortes, Pierre-Aimé Naud y est photographe avant 1867. Son frère Gustave Naud est photographe à Nîmes où Antoine Crespon a été le premier à pratiquer ce métier en 1842,puis il s'installe à Marseille.
Rue Sadi-Carnot ©Charles Boulary, Fonds Mairie d'Aigues-Mortes
Charles Boulary pratique une photographie d’amateur éclairé, documentaire et très soignée. Artiste de la composition, il parcourt villes et villages avec son appareil et ses plaques de verre, à commencer par son village natal. Ses photographies sont un témoignage inestimable sur Aigues-Mortes et la Camargue au tout début du 20ème siècle.

A Marseille il fait partie de la Société des Excursionnistes Marseillais, créée officiellement en 1897 dans le but d’obtenir des tarifs réduits auprès de la compagnie PLM - on peut penser qu'il a facilité les contacts - et d’organiser « chaque quinzaine, au moins, une excursion utile et agréable dirigée par des guides sûrs. » Son épouse, Marie-Thérèse née Thérond, et ses deux enfants, Charlotte et Henri, adhèrent à l’association avec lui.

Il est aussi membre de la Société de Photographie de Marseille, fondée en 1898, et participe à la commission chargée de la création du futur Musée des Photographies documentaires de Provence pour lequel un accord est trouvé en 1905 avec la Ville de Marseille. Ce fonds de plus de 1600 images est aujourd'hui encore à la Bibliothèque municipale de Marseille. Le fonds de plaques de verre (6596) et les albums (16 albums de 2766 tirages originaux) des Excursionnistes marseillais sont aux Archives de Marseille. 

En 1900 et 1902 des photographies de Charles Boulary paraissent dans la Photo-Revue. Il est ensuite régulièrement actif dans les réunions de la Société de Photographie de Marseille de 1904 à 1909 ainsi qu'en témoigne le bulletin Marseille Revue Photographique. Il projette ses images et celles des autres, ses plaques de verre positives au format 8,5x10 cm sont projetées lors de conférences illustrées. Il participe à des échanges avec des clubs étrangers.

La Société des Excursionnistes Marseillais est présidée par Dominique Piazza, l'inventeur de la carte postale illustrée, qu’il commercialise à partir de 1902. Les photographies des excursionnistes sont largement diffusées, sans nom d’auteur, sur ce nouveau support qui va devenir la voie la plus commune de diffusion des clichés.

Retraité du PLM vers 1914, Charles Boulary meurt à Aigues-Mortes le 6 mars 1916. Dans la maison familiale de la rue Plaisantine, devenue rue Emile Jamais, son petit-fils Yves, fils de Henri, se lie avec le photographe voisin, André Rancurel, qui en découvrant l’inestimable trésor que représentent les plaques de verre conservées au grenier, révèle le talent de Charles Boulary. Les tirages qu’il effectue font de certaines de ces images des icônes pour les Aigues-Mortais. 
La rue Plaisantine, devenue rue Emile Jamais ©Charles Boulary, Fonds Mairie d'Aigues-Mortes

En 2001, le fonds consacré à Aigues-Mortes et aux Salins, et une cinquantaine de tirages argentiques, deviennent propriété de la Ville d’Aigues-Mortes grâce à l’action d’André Urbe, alors conseiller municipal, et président de la Société d'Histoire et d'Archéologie.

Des photographies de Charles Boulary ont été publiées dans les livres de Frédéric Simien consacrés à Aigues-Mortes. Les plus connues ont été présentées en 2011 dans l’exposition « Aigues-Mortes, 150 ans sous le même angle », réalisée par Regards d’Aigues-Mortes. 

L'exposition du centenaire se tiendra du 9 au 24 avril 2016 à la Chapelle des Capucins d'Aigues-Mortes. Le 9 avril aura lieu le Marathon photo Charles Boulary.


34 photographies de Charles Boulary sont consultables sur la base de données Marius (Marseille Images Universelles et Singulières). Ce sont des photographies de voyage, Toulon, Pau, Manosque, l'Italie, les Alpes, et une très belle vue de la porte de l'Organeau à Aigues-Mortes. Elles figurent aux côtés de celles d'Eugène Isnardon (1873-1947), l'autre grand photographe d'Aigues-Mortes, et de Victor Avignon, Marius Reinaudo, Lucien Chopin, Alfred Reynier-Vigne.


Sources : Famille Boulary, André Rancurel, Frédéric Simien, Marie-Noëlle Perrin (Archives de Marseille), André Urbe, Isabelle Secretan, Mairie d’Aigues-Mortes.

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