vendredi 12 novembre 2010

Pierre Aubanel, photographe et manadier

En 2008, Aigues Mortes a célébré les 50 ans de participation de la manade Aubanel à la fête votive. Cette année, pour le 14° Festival Ecran Libre consacré au court métrage, les organisateurs ont eu une belle idée, présenter à la Chapelle des Capucins l'exposition de Pierre Aubanel, "Lumière et passion de Camargue". 




Car en même temps qu'il est manadier, Pierre Aubanel est photographe. Les toros et les chevaux qu'il élève sont aussi ses sujets de prédilection. Il ne se lasse pas de les voir courir et jouer dans la lumière et de graver leur mouvement sur la pellicule.
Photo Pierre Aubanel
La passion de la photographie est pour lui aussi ancienne que l'envie de mener la vie de manadier, comme son grand-père et comme ses parents. Il se perfectionne pendant son service militaire en Algérie, et quand il crée sa propre manade,  son appareil photo ne le quitte pas. S'il expose dans le monde entier, il aime aussi montrer ses photos à Uzès, à Saint-Gilles où une video de Télé Mistral a été tournée dans l'exposition, et aujourd'hui à Aigues-Mortes.
  









Il a illustré plusieurs livres et a été choisi pour réaliser un timbre poste consacré au cheval Camargue. Il a reçu la médaille 2010 de la feria d'Arles.
Un beau film "Le Petit-fils du Marquis", de la série Méridionales de France 3 lui a été consacré en 1996.



L'exposition de la Chapelle des Capucins est ouverte jusqu'au 28 novembre 2010, du jeudi au dimanche de 10h30 à 12h et de 15h à 18h, entrée libre.




Pierre Aubanel a eu la grande gentillesse d'y accueillir les membres de Regards d'Aigues-Mortes pour une visite guidée au cours de laquelle, avec verve, humour et émotion, il nous a fait vivre l'histoire, et presque l'aventure de chaque photographie : au bout de la journée dans les marais à la poursuite d'un toro, la magie de la lumière sur les silhouettes qui s'éloignent ; ce petit veau qui s'arrête à côté de son cheval, le laisse descendre et sortir l'appareil du saqueton pour fixer l'instant de mise en confiance ;  la neige et la glace qui ont failli avoir raison de lui mais ne l'ont pas empêché de prendre ces deux gardians à pied, menant leur cheval à bon port ; les crinières dans le mistral ; l'attente sous le barrage au passage des toros ; ces instants où l'oeil du photographe sait reconnaître la lumière et le sujet.







Souvenir de la Fête 2008 et de l'hommage à Pierre Aubanel


Pierre Aubanel s'adresse aux Aigues-Mortais le 10 octobre 2008


Pour l'inauguration du Festival Ecran Libre qui décidément fait bien les choses, l'ouverture de l'exposition de Pierre Aubanel précédait la projection du film "Crin Blanc", d'Albert Lamorisse et Denys Colomb de Daunant, lui aussi manadier et grand photographe.

samedi 11 septembre 2010

Le club photo Regards d'Aigues-Mortes saison 2010-2011

L'association Regards d'Aigues-Mortes est née le 11 décembre 2009. Nous sommes adhérents du Cesam. Pour cette année 2010-2011 nous disposons d'une salle à la Zac du Bosquet où nous nous réunissons tous les mercredis à partir de 18h jusqu'à 20h30 selon les disponibilités des uns et des autres.

Nous avons avec nous quatre photographes professionnels, qui tour à tour nous apportent leurs conseils et qui guident notre progression.

La photographie et l'image nous réunissent. Nous proposons et concevons ensemble des activités autour de notre passion : que l'angle soit artistique, technique, culturel, historique, documentaire, c'est toujours la photo que nous aimons. Nous proposons :
- échange et formation autour de la photographie et de l'image, choix et comparaison des images, cadrage, composition ;
- connaissance des outils de retouche, d'archivage, de diffusion ;
- sorties de prises de vues autour d'un thème ;
- constitution d'une photothèque avec les meilleures photos de chacun des membres ;
- découverte du travail d'autres photographes, visites d'expositions ;
- mise en valeur du patrimoine en particulier du patrimoine photographique d'Aigues-Mortes ;
- organisation d'expositions, de manifestations autour de la photographie et de l'image ;
- actions pédagogiques.

Nous programmons au moins une sortie par mois, en général le samedi. Nous faisons aussi quelques séances de prises de vues le mercredi soir, pendant l'été ou pendant la fête par exemple.

L'adhésion à l'association est de 30 euros par an. Notre siège est 7 rue des Mandrins, 30220 Aigues Mortes.

Nous souhaitons monter cette année un laboratoire argentique qui fera l'objet d'une cotisation spécifique.

Débutant ou professionnel, adepte de l'argentique ou du numérique, que vous ayez un petit appareil automatique ou le dernier reflex peu importe, nous avancerons avec vous.

Rejoignez-nous, contactez-nous regards.aiguesmortes@gmail.com, abonnez-vous au blog, laissez-nous vos coordonnées et vos commentaires.

Pour connaître nos statuts, cliquez ici.

lundi 16 août 2010

La Maintenance des Pénitents

La maintenance des Pénitents, héritière de la Fédération des Confréries de Pénitents du Midi et des Pénitents de langue d'Oc, a tenu sa cérémonie annuelle à Aigues-Mortes les 24 et 25 avril derniers. Pénitents de France, de Monaco, d'Espagne et d'Italie se sont retrouvés au cours de deux journées dont le but principal est de renforcer les liens et la solidarité entre les confréries.
Selon le cérémonial, la procession des confrères revêtus du sac, a traversé la ville et rejoint la chapelle Notre-Dame des Sablons. 
 

En tête du cortège, le « Régidor à la cloche » (symbole du bourreau qui ouvrait la marche vers le lieu des supplices du condamné à mort), rythmait le pas au son de la cloche.

A sa suite  venait le Labarum, étendard de la Maintenance, porté par trois membres de la Confrérie d’appartenance du Grand Maître de la Maintenance en exercice.
Les Confréries les suivaient, chacune avec sa propre bannière, dans l’ordre alphabétique des villes de leur provenance.
La procession se clôturait par les membres du bureau de la Maintenance, précédant les Grands Maîtres honoraires et le Grand Maître en exercice.
A leur suite venait le porteur de la croix de procession, les enfants de chœur, les thuriféraires et le clergé.

A l'issue de la cérémonie, la procession s'est reformée, à tête découverte, jusqu'au rassemblement final au pied des remparts.


Nés au 13° siècle, les Pénitents étaient des laïques d'origine sociale diverse qui, par dévotion et par charité, se formaient en confrérie  pour chanter les offices, donner aux morts une sépulture, assister les malades et les infirmes, faire des processions. Ils s'aidaient spirituellement et matériellement en cas de besoin, et assistaient les habitants dans la souffrance.


A Aigues-Mortes la chapelle des Pénitents Gris, fondée vers 1400 sur un emplacement cédé par les moines Cordeliers, est détruite pendant les guerres de religion. La chapelle des Cinq-Plaies-de-Notre-Seigneur-Jésus-Christ, rue Paul Bert et sur l'actuelle Place de la Viguerie, est consacrée en 1611. La confrérie prend un tel essor qu'une deuxième confrérie est fondée en 1625, celle des Pénitents Blancs, dont la chapelle du Saint Esprit, de la Sainte Vierge, est édifiée dans l'actuelle rue de la République en 1668. 

Pendant la Révolution, l'une sert de magasin à fourrage, l'autre est le siège des Sans-Culottes.
Chacune des chapelles a un mur clocher à une baie. Chacune a son joyau, le rétable de Jean Sabatier de 1688 pour les Pénitents Gris, et pour les Pénitents Blancs la fresque de Xavier Sigalon, réalisée au moment de l'agrandissement de l'église en 1818.
Inscrites à l'Inventaire général du Patrimoine culturel, elles appartiennent à chacune des confréries qui a la charge de leur entretien. 
Parfaitement organisées, dans une atmosphère ouverte et bon enfant, ces deux journées ont été pour beaucoup l'occasion d'approcher cette tradition.






Photographies © Françoise Rey (1, 2, 5, 6, 8) ; Maguelone Chareyre (3, 7) ; Virginie Burgos (4, 9, 10).
L'album de Maguelone Chareyre

dimanche 15 août 2010

De la Pentecôte au 15 août

Il nous a encouragées à monter le club photo et il a été le premier fan de ce blog. Difficile de reprendre après le départ de Frédéric, il a fallu cet intervalle, de la Pentecôte au 15 août, de la feria de Nîmes à celle de Béziers.
La photo est une aide parce qu'elle fait regarder le monde et les autres.
Et le club photo est un havre d'amitié.




Nous avons quitté la Marette pour l'été, en espérant en retrouver la belle lumière à la rentrée.
La péniche de Marlène, le jardin de Françoise, la pinède du Bourgidou, le Quai des Bateliers, les prises, les rues d'Aigues-Mortes, nous ont accueillis au gré des envies de l'été. 




Nos projets avancent :
- constituer une photothèque thématique, l'un des thèmes étant bien entendu Aigues-Mortes ;
- monter une exposition "Aigues-Mortes au fil du temps, passé, présent", en mettant en regard une trentaine de tirages argentiques de photographies anciennes (nous avons notamment sollicité l'utilisation de plaques du fonds Boulary), et une trentaine de photographies couleur prises dans le cadre de l’association avec le même angle de vue que les anciennes. Nous sommes à la recherche de photographies anciennes pour les numériser et les retirer, n'hésitez pas à nous dire si vous pouvez nous en prêter, nous en prendrons soin et vous les rendrons avec en plus une copie numérique.

Nos albums et nos participations à la vie locale se sont enrichis.
Ils sont consultables sur Picasa et sont régulièrement mis en ligne. La Nouvelle Cigale nous a récemment associés à sa répétition générale.

Le mercredi reste notre jour de ralliement, et le restera à la rentrée.
Nous serons présents au Forum des Associations le samedi 11 septembre.
Merci d'être avec nous

jeudi 13 mai 2010

Le Grand Radeau et ses hôtes d'exception

Entre le Petit Rhone et la mer, entre terre et ciel, entre dunes et pinèdes, le Grand Radeau a des airs de bout du monde. "Radeau" : île dans un étang saumâtre ; Grand Radeau : vision de paradis.

Le Grand Radeau a embarqué nos photographes, avec la complicité du Parc de Camargue et du Parc ornithologique du Pont de Gau, de Josie et de Frédéric, vers les terres de la commune des Saintes où la famille Raynaud élève sa manade de chevaux et de taureaux fondée en 1904. Marcel Raynaud, toujours aussi droit, les a accueillis avant de partir trier, comme on trie ici, calmement, proprement, sans gesticulation.

Du mas, les promeneurs sont partis à pied le long de ce chemin d'eau où la mer est entrée tout droit il y a quelques années.

Car depuis que le Rhone a changé son lit et que les digues le retiennent, la mer avance inéluctablement. Les enrochements sont dans l'eau. Sur ces solitudes protégées on privilégie les barrages naturels, dunes, amoncellements de bois flotté et de branchages, selon la tactique du repli stratégique qui prévaut aussi à la Capelude, repli stratégique ou repli annoncé ?

La végétation y trouve son compte et les oiseaux sont rois (ci-dessous en rouge, les liens vers les fiches ou les photos de oiseaux.net, et sur chaque fiche, le chant de l'oiseau) : 


La lumière voilée ajoutait au mystère. Au retour, tous nous ont parlé de ce genévrier dont les graines peuvent mettre cinquante ans à germer. Sobre, tenace et courageux, à l'image de ceux qui vivent au Grand Radeau.




Photos de ce billet : 1, 4, 6, 7, 8 ©Alain Vielle ; 2, 3, 5 ©Marlène Dubourg.
La balade précédente le long du Petit Rhône
L'album d'Isabelle Secretan sur la Manade Raynaud
A consulter : un article du club taurin les Farfadets sur une journée à la manade Raynaud
A lire : "La Dynastie des Raynaud : 1904-2004 : De l'Etourneau au Grand Radeau", disponible à la Médiathèque d'Aigues-Mortes.

vendredi 30 avril 2010

Retour d'Equateur, pour la culture Shuar avec Heaven on Earth et la galerie Nicole Gogat

Allez y vite, c'est aujourd'hui et demain à la Galerie Nicole Gogat 11 rue Pasteur à Aigues-Mortes.
Les Shuar vivent en Equateur. Ils veulent préserver et faire connaître leur culture traditionnelle. Avec l'association Heaven on Earth ils ont noué partenariat, complicité et amitié.
Marie et ses amis ont passé un mois avec eux en août dernier, un mois de découverte, de partage et d'initiation qui a tissé des liens indéfectibles.
Leurs photos sont magnifiques, belles, émouvantes et chaleureuses. Ils les montrent pour faire partager leur enthousiasme et ils les vendent pour soutenir le projet de valorisation mené avec leurs amis Shuar.
Pour en savoir plus, pour les suivre et voir un peu de ce qu'ils ont vu, allez aussi voir leur blog et leurs albums.

dimanche 18 avril 2010

Jacqueline Denimal, photographe d'Aigues-Mortes et de la Camargue, à l'ancienne

Jacqueline Denimal a un don, elle sait regarder. Elle sait choisir la lumière, cadrer son sujet, se mettre au bon endroit. Elle a l'oeil. Et ses photos sont magnifiques. Pour s'en faire une idée il faut feuilleter ses albums sur le marché d'Aigues-Mortes, le mercredi ou le dimanche matin, et prendre le temps d'aller d'émerveillement en émerveillement.
Toute la Camargue est là : les taureaux, les gazes, les arrivées, la cité et ses remparts, l'Espiguette, la Carbonnière, les marais, les couchers de soleil, les longues ombres des roseaux, la magie de la neige, le parfait miroir des reflets. Elle sait capter aussi bien l'instant du mouvement que l'éternité du paysage.

Rien ne la prédestinait à devenir photographe. Elle avait toujours rêvé d'être peintre ou styliste. Il y a une dizaine d'années, avec son premier appareil photo elle part à l'aventure, l'oeil en éveil. Et ses photos sont belles, d'emblée.

Alors que le numérique fait déjà de nombreux adeptes, elle ne connaît que l'argentique. Elle n'a donc pas droit à l'erreur. Pour elle, pas question d'enclencher le mode rafale dès que les taureaux arrivent. Chaque prise est calculée car chaque photo sera tirée en laboratoire. Cela donne des photos d'anthologie comme cette Porte de la Marine dans laquelle tourne la bandido : beaucoup ont essayé de faire cette photo mais la sienne est parfaite, d'ailleurs elle a fait le tour du monde : ses tirages ont été achetés par des amateurs venus d'Angleterre, de Los Angeles, de Tahiti, de Marrakech. Chaque année Jacqueline se replace en arrière de la porte, elle calcule le jour, le soleil, la poussière, elle prépare son appareil : "je regarde le cheval et le taureau, pas le cavalier ; ce serait le Président de la République, je ne le verrais pas plus."

Chaque année aussi elle se régale à photographier les gazes, à Franquevaux où elle a pris un autre cliché légendaire, à Mauguio, à Lansargues, dans tous les villages où on aime voir nager les taureaux.
De temps en temps quand la lumière est belle, elle part photographier un paysage qu'elle connaît. Elle sait exactement comment elle veut se placer, elle prend deux ou trois clichés, rarement plus. Ses photos ne sont jamais retouchées.

Depuis 1999 où elle a reçu le prix de la ville d'Aigues-Mortes, elle a obtenu cinq prix dont en 2001 le Prix Midi Libre pour sa photo des remparts se reflétant sur l'eau, et en 2007 un prix au festival taurin de Saint Genies de Malgoire pour un reflet de taureaux dans les prés.
Elle travaille avec deux appareils pour la couleur et un pour le noir et blanc et propose des tirages en 10x15, 13x19, 20x30, et sur commande en 30x45 et 50x60. 
Avec courage et ténacité elle vit de ses photos. André Rancurel l'a encouragée à ses débuts et continue à être l'un des ses fidèles admirateurs, Claude Morello aussi. Pour Regards d'Aigues-Mortes, elle est photographe invitée permanente et son regard est unique.

samedi 10 avril 2010

Photos de printemps sur le Petit Rhône avec chants d'oiseaux et Parc de Camargue

C'est au bord de la prairie fleurie du Château d'Avignon que nous retrouvons Frédéric, le guide naturaliste du Parc de Camargue. En évoquant avec gourmandise le triangle d'or de la biodiversité, entre Camargue, Alpilles et Crau, 3 écosystèmes totalement différenciés, il nous fait déjà lever la tête vers le mouettes mélanocéphales qui s'appellent au-dessus des arbres du parc : plus grandes et plus rares que les mouettes rieuses, leur tête devient également noire en été. Le soleil commence à chauffer pour cette deuxième vraie journée de printemps.

Vue générale, Frédéric survole le temps et l'espace : la rive nord de la Méditerranée, bordée de formations montagneuses de Gibraltar à Jérusalem, s'ouvre vers le nord avec un axe principal de communication, la vallée du Rhône. D'où, au Moyen-Age, l'importance des foires de Beaucaire où sur plusieurs centaines d'hectares et durant plusieurs mois s'échangeaient les marchandises du nord comme du sud.

La Camargue et la Crau sont un territoire jeune, 10.000 ans environ, formé par les alluvions du Rhône qui avait autrefois 7 bras, et de la Durance qui était un fleuve indépendant. A cette époque Arles devait être une île sur sa colline de calcaire. A la suite des derniers changements de cours du Rhône au 19° siècle, une partie du département du Gard au nord de Tarascon s'est retrouvée à l'est du Rhône, une partie du département des Bouches du Rhône au sud de Sylveréal s'est retrouvée à l'Ouest du petit Rhône, et la Crau n'a plus été lavée par les eaux : une croûte minérale s'est formée, résistante aux racines des arbres, et la plaine est devenue steppe. 
Le cordon littoral qui ferme la Camargue est mouvant : c'est au Grau de la dent, là où l'ancien lit principal du Rhône a creusé un "canyon" vers le large, que la mer avance le plus alors qu'à l'Espiguette la plage s'agrandit de 4 mètres par an.
La moitié de la superficie des Bouches du Rhône est classée en zone Natura 2000, protection européenne.

La mission de Frédéric aujourd'hui, est de nous faire mieux connaître la ripisylve du Rhône, autrement dit la vie des berges boisées. Il nous amène vers le mas de Baumelles où, occupés à trouver le chemin, nous manquons un circaète Jean-le-Blanc.

Arrivés sur la digue, un tapis d'asphodèles de Camargue (on cherche le vrai nom) nous fascine alors que retentit, comme un couteau, le cri bref du martin-pêcheur, et depuis la rive opposée, le "u-pu-pe" de la huppe fasciée. Les notes stridentes de la mésange charbonnière nous accompagnent le long  des tapis d'euphorbes et des peupliers blancs, entrecoupées de celles de la bouscarle de Cetti, très difficile à voir mais que nous entendrons souvent. D'où vient ce nom étrange, bouscarle de Cetti ? Le Larousse donne la réponse : la bouscarle est une "fauvette du bord des eaux, des régions méditerranéennes" et M.Cetti a bien existé, Francesco Cetti (1726-1778) mathématicien italien, naturaliste et auteur, a donné son nom a notre bouscarle qui, dans les années 1900, était confinée aux régions de climat méditerranéen, mais, depuis, s'est répandue vers le nord et a même été remarquée en Suède. Elle vit dans les marais, les buissons près des roselières, dans la végétation dense avec ronces et tamaris ainsi qu'à la lisière des champs de blés.  
  Les rainettes arboricoles (tree frog en anglais) s'en donnent à coeur joie et, belle surprise pour ce tout début de saison, les rossignols sont là, avec leurs longues trilles.

Autrefois des carrelets étaient installés au fil de l'eau et les habitants des Saintes pêchaient souvent plus de poisson dans le Rhône qu'en mer. Quelques pontons subsistent, parfois ensevelis sous les arbres déracinés ; une cabane se dissimule sous les branches, où le lustre et la boîte à sel parlent de l'hospitalité du cabanier.

Plus loin au bas de la digue, un sentier s'enfonce dans les roseaux, au ras de l'eau, chemin de cannes sous lesquelles nous cheminons un moment, parsemé d'aubépines. 


Les frênes ont leur pleine feuille alors que les ormes portent encore leurs chatons. 
Un milan noir plane longuement au-dessus de notre pique-nique. Quand il s'éloigne, son cri, porté par le mistral qui se lève, fait un peu penser à un hennissement, surprenant non ?

De l'autre côté de la digue des aigrettes et des garde-boeufs pêchent dans la roubine qui borde les champs de blé d'hiver au-delà duquel quelques perdrix s'envolent. Un grand oiseau bat lentement des ailes, cigogne ou héron ? Non, c'est bien un héron cendré, bien qu'en ce moment les cigognes nichent aussi dans la région.
Après une station de pompage désaffectée nous empruntons la petite route d'Astoin, marquée d'une croix montée sur un pilier de marbre sculpté d'une croix plus ancienne. 

La chaleur devient estivale. Les pousses des roseaux percent dans les roubines, les chevaux en raffolent. Sur un tamaris dont les bourgeons éclosent à peine, le plus ornithologue d'entre nous repère un rouge-queue.

La digue est plus fraîche et dans les creux d'ombre la brise se fait légère. Dans les arbres, les rainettes arboricoles sont montées si haut qu'on dirait des oiseaux.


* Les liens renvoient vers une fiche descriptive sur le site oiseaux.net : on peut y écouter le chant de chaque oiseau.
Photos de ce billet : ©Isabelle Secretan (1, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13) ; ©Alain Vielle (6, 14).
Pour voir l'album d'Isabelle, cliquer ici
Pour voir l'album d'Alain, cliquer ici
Voir aussi :
  • le site du Cogard (Comité ornithologique du Gard) ;
  • les photos d'oiseaux de Jean-Pierre Trouillas ;
  • dans Grain de Sable, la revue de l'association J'Aime Aigues-Mortes de mars 2010 l'excellent article et les photos de Francis Pellissier, "Aigues-Mortes à vol d'oiseau".